NOMINATION VATELIEN : juste après l'ouverture du Wanda Realm Hotel Changzhou, Jérémie de Fombelle a pris la direction de l'Hôtel 5 étoiles LUX* Le Morne sur l'Île Maurice.
Il dirige son premier hôtel au Cambodge à moins de 30 ans, sauve 2 hôtels cinq étoiles en mauvaise santé financière en Thaïlande et à Bali et prépare aujourd’hui l’ouverture d’un hôtel de 300 chambres à Shanghai.
Diplômé de Vatel Paris en 2000, Jérémie de Fombelle a été appelé à parrainer la promotion 2006 de sa propre école tant son parcours est exemplaire ! Une Success Story exceptionnelle à découvrir !
Jérémie, vous sortez diplômé de Vatel en 2000 et déjà en 2002 vous accédez au poste de Directeur de l’Hôtel La Noria 3* au Cambodge. Comment avez-vous obtenu ce poste ?
Avant le Cambodge j’avais fait mes classes, si l’on peut dire, avec le Groupe Victoria Hotels and Resorts - 4 étoiles Loisirs. J’étais en charge de leur petit bureau « Sales et Marketing » pour l’Europe situé à Paris. Tous leurs hôtels étant basés en Asie du Sud Est. C’était pour cette chaine d’hôtels que j’avais travaillé lors de mon stage de fin d’études au Vietnam. Satisfaits de mon travail ils m’avaient proposé ce poste en France. Mais mon attrait pour l’international, pour l’Asie, mais aussi pour les opérations a été plus fort et je suis parti pour diriger le restaurant d’un hôtel de charme au Cambodge.
C’était un pari un peu fou de ma part et de la part du propriétaire également ! Je n’avais pas beaucoup d’expérience mais beaucoup de bon sens et surtout une grande motivation. Le salaire n’était pas bien haut non plus mais j’ai beaucoup appris. Le succès a vite été au rendez vous et le propriétaire de l’hôtel m’a rapidement confié la gestion de l’établissement.
Vous rejoignez ensuite le groupe Orient Express,à la direction pendant 4 ans de l’Hôtel La Residence Phou Vao 5* au Laos. Puis encore pour 3 ans à celle du Napasai Orient Express 5* en Thaïlande,et enfin pour 1 an au Jimbaran Puri 5* à Bali. Racontez-nous vos années « Orient Express ». Comment êtes vous passé d’une direction à une autre ? Quelles différences avez-vous remarquées entre le management d’équipe à Bali, en Thaïlande, au Laos et au Cambodge ?
Je suis intimement convaincu qu’une carrière est faite de rencontres décisives et d’un petit peu de chance. Ma rencontre avec Orient-Express en est un parfait exemple. Les dirigeants de ce mythique groupe hôtelier qui possède le Ritz de Madrid, le Copacabana Palace à Rio, le Cipriani à Venise, le fameux train Orient-Express et 45 propriétés uniques dans le monde m’ont été présentés un peu par hasard.
Ils avaient besoin d’un jeune Directeur pour leur hôtel du Laos. Je les ai convaincus et, 10 ans après, je n’en reviens toujours pas! J’avais moins de 30 ans et je devenais directeur chez Orient-Express. Ce fut le vrai tournant de ma carrière. J’ai pris énormément de plaisir dans mon travail pendant toutes ces années chez Orient-Express. Je leur dois beaucoup. Vraiment. Je leur ai beaucoup donné aussi. Quand on est heureux au travail, les résultats suivent! Ce fut le cas au Laos.
Apres le Laos, le groupe m’a confié un hôtel plus gros sur l’île de Koh Samui en Thaïlande. Le Resort était en mauvaise santé financière. Il fallait vraiment tout reprendre et lui donner une deuxième jeunesse. Ce que nous avons fait avec l’équipe et ce fut franchement enthousiasmant! Le scenario pour Bali fut tout à fait le même que pour la Thaïlande : un hôtel du Groupe Orient-Express jouissant d’un emplacement de rêve mais dont les résultats étaient en berne. Je venais à nouveau faire le pompier !
Ces 3 pays, bien que très différents, avaient un dénominateur commun : un sens inouï de l’hospitalité. Exercer notre métier d’hôtelier dans ces pays est une grande chance. Et je pense que nos pays occidentaux perdent parfois ce sens inégalé du service. Il y a également des contraintes en Asie qu’on ne retrouve pas en Europe mais l’essentiel, ce sens très fort de l’hospitalité, est propre à cette région du Monde.
Quel regard portez-vous sur l’Hôtellerie de luxe en Asie suite à ces expériences ?
L’hôtellerie de luxe, en Asie, a un grand avantage pour le consommateur : elle est plutôt bon marché en comparaison des prix pratiqués en Europe ou aux Etats Unis. Un séjour au Mandarin Oriental de Bangkok ou au Métropole d’Hanoi - mes deux hôtels préférés en Asie - ne me laisseront pas « sur la paille » pour le reste du mois. Je ne suis pas certain de pouvoir en dire autant si je choisis le Ritz lors de mon prochain séjour à Paris. Et je peux vous promettre que le service à l’Oriental de Bangkok n’a rien à envier à celui du Ritz!
Depuis plusieurs mois maintenant vous préparez l’ouverture en août 2014 du 5 étoiles Wanda Realm Hotel Changzhou, un hôtel de 300 chambres près de Shanghai. Pourriez-vous nous présenter la chaîne hôtelière Wanda Hotels and Resorts ?
Wanda est un très gros groupe chinois spécialisé dans l’immobilier, les centres commerciaux et le cinéma. Il a réalisé 24 milliards de dollars de chiffre d’affaire l’année dernière. A titre de comparaison, LVMH en France fait 27 milliards d’euros de CA. Le propriétaire de Wanda, l’homme le plus riche de Chine selon le dernier classement Forbes, veut faire de Wanda Hotels and Resorts l’un des leaders mondiaux de l’hôtellerie de luxe. Le groupe est en plein expansion, 30% de croissance annuelle ininterrompue depuis 7 ans. La moitié de leurs hôtels est en Management avec Sofitel, Intercon, Starwood etc. Mais la plupart des hôtels qu’ils ouvrent (20 cette année) sont désormais sous leur propre marque : Wanda Hotels and Resorts.
Les moyens sont importants, la croissance également. Je souhaitais un nouveau challenge après tant d’années chez Orient-Express. Je souhaitais toucher à “l’hôtellerie business” et préparer une ouverture, cela manquait à mon CV, dans un pays en plein boom ! Le Wanda de Changzhou, à coté de Shanghai, c’était l’occasion rêvée. Ma femme et mes 3 enfants étaient prêts à suivre, alors nous avons fait le grand pas vers la Chine.
Comment préparez-vous cette ouverture ?
En travaillant énormément déjà ! Une ouverture c’est toujours très intense mais une ouverture en Chine l’est encore plus je crois ! L’hôtel ouvre le 8 août. Jamais un établissement du groupe n’a ouvert en retard. Il n’est donc pas question d’être le premier !
La construction est contrôlée de prés par mes collaborateurs pour s’assurer que le cahier des charges est respecté ainsi que les délais. J’ai déjà une équipe d’une cinquantaine de personnes dans les bureaux avec moi mais la plus grande partie du personnel n’arrivera que le mois prochain pour plusieurs mois de formations que nous assurons. L’hôtel nous sera livré par étapes d’ici à juillet et dès cette date nous devrions être en soft opening. D’ici là, il faut commander tous les équipements, s’assurer que le budget est respecté, mettre en place l’équipe et la stratégie ventes et marketing, obtenir toutes les licences, recruter encore et encore ! C’est un travail titanesque mais assez grisant en même temps. Il faut surtout être bien entouré. C’est une aventure humaine.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et candidats de Vatel qui souhaiterait devenir eux aussi Directeur d’Hôtel ?
Soyez patients. Soyez travailleurs. Sachez communiquer sur vos résultats. Parlez anglais parfaitement au plus vite. Entourez vous bien, sachez déléguer mais pas trop ! Acceptez l’échec car il fait grandir et rebondir.
En quoi l’enseignement que vous avez reçu à Vatel vous a-t-il permis de réussir votre carrière ? Quels souvenirs en gardez-vous ?
Je garde un superbe souvenir de mes années à Vatel. C’est un gage de sérieux et de crédibilité dans notre petit monde hôtelier. C’est aussi un très beau réseau à travers le monde. Si c’était à refaire je ne choisirais pas une autre école… Je me souviens toujours de mon entretien avec M. Magne, Directeur de Vatel Paris à l’époque. Il m’avait fait confiance et je lui dois beaucoup. Je suis également très fier d’être le parrain de la promo 2006 de Vatel Paris.
Quels sont vos projets à 1 an ? 5 ans ? 10 ans ?
J’ai du mal à me projeter. D’abord il me faut ouvrir cet hôtel ici en Chine et le mettre sur les rails. Et ce n’est pas une mince affaire! J’espère retravailler un jour en Asie du Sud Est : Thaïlande ou Vietnam par exemple… J’ai une passion pour ces deux pays et ma famille également. Donc pourquoi pas un poste de DG ou même un poste corporate à moyen terme dans ces pays là…
A plus long terme je me vois peut être revenir en France et monter l’hôtel de mes rêves tel que je le conçois… Mais j’ai le temps. J’ai 38 ans, il n’y a pas le feu et mes projets peuvent changer d’ici là ! En fonction des rencontres et de cette petite dose de chance dont je parlais et qui, j’espère, me suivront…